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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 16:41

  Un pape Berbère ! Il naît en Afrique et occupe, pendant dix années (189-199), sous les empereurs Commode et Septime Sévère, le siège de Saint Pierre à Rome. Nous aurons ultérieurement, nés aussi en Afrique, les saints papes Gélase Ier et Milciade. En cette fin de IIe siècle, les conversions inquiètent l'empereur par leur nombre, mais aussi le pape Victor par leur fantaisie.

  Des chrétiens, condamnés par l'empereur, purgent leur peine de travaux forcés en Sicile.Victor Ier Victor intervient. Dans sa narration du Curriculum vitae de Calliste, Hippolyte nous raconte comment : il agit auprès de Marcia, dont il sait que l'intervention auprès de l'empereur – elle est sa maîtresse – sera efficace. En effet, le pape communique aux autorités la liste des chrétiens à élargir.

  En bon Berbère, il rappelle à la sagesse occidentale le rôle important des lois pour la marche des sociétés. Puis il s'occupe de remettre tout en ordre dans l'Eglise dont il surveille minutieusement l'organisation, confirmant de son autorité – et il n'en manque pas ! – les progrès nécessaires.

  Pour assurer à sa base la foi catholique, il établit la liste des livres sacrés – car là encore, à cette époque, une certaine fantaisie règne ! – il reconnaît quatre Evangiles, ce que saint Irénée établira avec tant de force.

  L'Eglise ne cesse de s'étendre. Il faut faire face aux besoins créés par la venue de nouveaux chrétiens. Alors Victor, qui a promu douze évêques en divers lieux – à l'exemple des Berbères – crée aussi des clercs surnuméraires. Souvenons-nous qu'au premier concile de Carthage, peu après 200, on comptera 70 évêques pour l'Afrique Proconsulaire (Tunisie) et la Numidie. Combien sont-ils dans d'autres pays ?

Trois évêques en Italie, quatre en Espagne. Et en Gaule ? Jusqu'au milieu du IIIe siècle, un seul et unique évêché : celui de Lyon.

  Le Pape s'attache à revoir les formules des prières et des rites, celles de la consécration épiscopale, de l'ordination des prêtres, diacres, confesseurs, lecteurs, sous-diacres, des confréries de veuves, des communautés de vierges, et s'occupe tout spécialement de la formation des nouveaux venus : trois ans de catéchuménat, proclamation solennelle et publique des catéchumènes. Il tient à faire de ces hommes, hier encore de moeurs barbares, des chrétiens respectables.

  Voici qu'un premier schisme menace l'Eglise : les Asiates célébraient la fête de Pâques le 14e jour de la lune de mars, et les chrétiens d'Occident la fêtaient le dimanche suivant, jour de la résurrection du Seigneur. Le pape Victor, pour cette raison, veut imposer l'usage romain. L'évêque d'Ephèse, Polycrate, lui écrit : « Je ne me laisse pas intimider. Plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes. » Les choses sont donc graves. Le Pape provoque la réunion de synodes provinciaux contre les Eglises d'Asie, saint Irénée, le grand penseur, supplie le Pape de renoncer à l'excommunication des orientaux. Le conflit est évité. A propos de la question pascale, les apologistes de la primauté romaine voient, dans la façon dont fut menée et conclue cette affaire, une « épiphanie de la papauté ». C'est une manifestation triomphante de Pierre en Victor !

  Le pape Victor veille à ce que soit respecté le droit de regard universel de l'Eglise de Rome sur l'ensemble des Eglises. Des conciles régionaux reconnaissent et confirment son autorité.

  Même autorité dans le domaine doctrinal. L'hérésie gnostique naît et se développe : contre cette doctrine philosophique et religieuse, que Daniel- Rops nommera « une aberration de l'intelligence », Victor assemble des synodes régionaux. Il excommunie Théodote, corroyeur de Byzance, qui voyait dans le Christ un homme et non Dieu. Dans le trouble que crée la polémique littérale entre Proclus, montaniste, et le prêtre Caius, Victor soutient son prêtre.

  L'action du Pape sur les masses est splendide : il se sait le chef – « tu es Pierre ! » – il parle et agit comme tel. Saint Jérôme a écrit que Victor fut le premier écrivain chrétien à se servir du latin. Il se pose en champion vigoureux de l'esprit latin, romain et occidental.

  Pape, Victor n'en demeure pas moins Berbère, avec sa fierté, son honneur, sa notion de patrie. Alors, il part en guerre contre tous ceux qui osent toucher à sa « Patrie », sa Patrie- Eglise, sa Patrie-Siège romain, sa Patrie-Liturgie romaine.

  Victor est enseveli au Vatican. Avec les papes, ses prédécesseurs.

Abbé Serralda (†)

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